Dépravation
Dépravation
Un samedi soir assez chaud
Je me retrouve en boîte
Seul, quelque peu mal dans ma peau
Seul, dans cet endroit à l’atmosphère moite
Qu’est-ce que j’y fais ? Je ne sais pas
Cela ne dépend pas de moi…
Depuis déjà un quart d’heure
Mon regard inexpressif pointe une fille
Diverses pensées dans ma tête fourmillent
Quelle beauté, waouh, t’en meurs !
Là voilà qui se déhanche avec un type
Une danse très obscène, pleine de vigueur
Qui vous excite à vous serrer les tripes
À juste titre, avec raison
J’ai pu trouver un nom à la demoiselle :
Elle s’appelle « Dépravation »
Et vous le verrez : c’est une fille charnelle…
Dépravation est vraiment grande de taille
Un mètre quatre-vingts ou plus
Physique de femme russe
Parfait, sans la moindre faille
Dépravation est sombre, légèrement brune
Tout en chair, mais pas très grasse
Un peu stéatopyge, derrière en lunes
Une poitrine prononcée, de forte masse
Elle porte un fort court singlet
Ne cachant que les seins, le ventre à découvert
C’est vraiment une fille en l’air
Une frivole à rendre muet
Ce qui est en dessous n’est pas moins révoltant
Une culotte style collant
Un vrai slip ! Longueur : disons, vingt
centimètres !
Laissant nues les cuisses charnues
Et une bonne partie des jambes peu velues
Le reste recouvert par des demi-bottes
Qui, sur la piste, font la trotte
De pas provocants de maître !
Dépravation fait une pause
En embrassant passionnément une autre meuf
Pouah ! C’est une lesbienne d’une certaine dose
Dont les intentions ne sont guère tuées dans l’œuf
Là voilà qui se dirige vers ma table
D’un pas voluptueux, désinvolte à l’extrême
Elle vient vers ma table, c’est inévitable !
Elle est assise presque en face de moi
Mais elle ne me regarde pas
En dépit de ça, j’observe son visage
Joli, mais hyper-maquillé
Un brin de beauté sauvage
Difficile d’y résister
Toutefois, petit à petit, elle me dégoûte
Et je regrette d’avoir croisé sa route…
Juste deux minutes plus tard
Dépravation commande un demi-casier
Je crois rêver
Ce que je vois est bizarre
La fille a tout vidé en dix minutes !
Là vraiment, je dis tout haut :
« Zut ! »
Et je ne suis pas au bout de mes surprises
Des vices, cette fille est une valise…
Dépravation est à nouveau sur la piste
Elle est objet d’attouchements
Pour la plupart bestiaux, tous réalistes
Porteurs d’un message violent
Insoutenable débauche
Sur-amplifiée par des prises de stupéfiants
Accentuant des désirs gauches
Dans les vapes, titubante
Avec bien de peine, elle regagne sa place
De manière insolente
Elle donne un ordre au barman, cette garce
Horreur ! On apporte six autres bouteilles
En un rien de temps, elle en a terminé quatre
Tiens ! Je n’ai jamais vu un estomac pareil !
Des soulards, elle est le pâtre !
Brusquement, la demoiselle me regarde
J’ose croire que c’est par mégarde
Je me trompe : elle insiste
Il semble qu’elle veut m’embrasser
C’est bien triste
Que d’être dans un tel état d’ébriété !
Dépravation rate mes joues
Et trébuche sur mes genoux
Sur mes jambes, elle est couchée
Dix secondes ne se sont pas écoulées
Mademoiselle pousse un gros rot violent
Qui se mue bientôt en affreux vomissements
Une gigantesque fontaine liquide
Jaillit net de la bouche de Dépravation
Sur le sol, une vaste mare tout acide
C’est fortement nauséabond
Les vomissures sont d’une telle quantité
Que ça sort du côté de la porte d’entrée
Dégueuler pendant une minute d’affilée
Les records sont pulvérisés
Mais il y a plus immonde à voir
Surtout pour un samedi soir…
Un mélange de salive et de bière
Coule encore du menton de Dépravation
Que dehors, en direction de la portière
Deux petits gosses, une fille et un garçon
Paraissent attendre notre demoiselle
Sur mes genoux, Dépravation s’appuie d’une main
Durement, debout elle se tient
Bien qu’ivre morte, elle est encore belle
Elle s’essuie les lèvres… Qu’est-ce qu’elle
fabrique ?
Devant moi, elle ôte son singlet
Une nudité satanique
Que voilà un blasphème oculaire complet !
Elle glisse, marche dans sa flaque visqueuse
D’une démarche terriblement licencieuse
Elle se dirige vers les deux petits bambins
Quelques secondes après, je crie, pétrifié :
« Hein ? »
Doucement, elle déboutonne sa culotte
Sans honte, sans gêne, elle l’ôte
Devant les gosses émerveillés
Voyant cette scène, je me mets à hurler…
… dans mon douillet et petit lit
Par tous les diables, quel horrible cauchemar !
J’en ai mes pensées abruties
Je retrouve mon calme après grand regard
Ce songe éprouvant, était-ce la voix de Dieu ?
Ou les idées de l’Adversaire ?
Ou encor le produit de mon esprit tortueux ?
De le savoir, il n’est pas très nécessaire
Car en fait, j’ai pu tirer une vraie leçon
J’ai péché par pensée, cela, je ne peux le nier
Je dois par conséquent prendre mes précautions
Pour que rêve ne devienne pas vérité
C’est qu’éviter à tout prix les boîtes de nuit
Protège l’œil spirituel de pires ennuis